mardi 11 décembre 2012

Les nombres qui tuent - Chronique statistique des homicides

Tout se trouve ou presque sur internet. Pour preuve, au gré de mes investigations, j'ai exhumé deux rapports autopsiant avec moult chiffres, graphiques et cartes les homicides dans le monde et en France.
En voici la substantifique moelle.

Sur Terre, toutes les 67 secondes un humain se fait dessouder.
En 2010, 468 000 personnes ont été expédiées ad patres contre leur volonté.
Si tous ces macchabées étaient mis bout à bout, la file irait de Dunkerque à Perpignan.
Toutefois, la part des homicides dans le marché des décès n'est même pas de 1%. Cette activité, pourtant ancestrale, recèle donc un fort potentiel de croissance.

La technologie a pénétré l'univers du crime. Arsenic et surins laissent petit à petit leur place aux armes à feu dont la productivité n'est plus à démontrer. Une petite moitié des homicidés de 2010 a reçu un ou plusieurs pruneaux dans le buffet.

Le meurtre est très fortement sexué. Les femmes sont très en retard sur les hommes.
Grosso modo, on déglingue 3 fois plus de mecs que de gonzesses.
Les Amériques, Nord et Sud réunies, sont le continent le plus macho : même pas 10% d'homicides féminins.
Il serait grand temps que les pouvoirs publics imposent aux cartels et autres mafias un quota minimal d'assassinats de nénettes afin de tendre vers une louable parité.

L'inégalité face à l'assassinat est aussi géographique.
L'Asie, l'Océanie et l'Europe sont de mornes plaines. Chaque année, on n'y tue à peine qu'une personne sur 30 000.
A l'inverse, Afrique et Amériques défouraillent à qui mieux mieux avec, en moyenne, un zigouillage pour 6 000 habitants. Cinq fois plus qu'en Eurasie !

Le champion du monde toutes catégories en 2010 est le Honduras avec un goal-average d'un meurtre pour 1 200 personnes.
La médaille d'argent a été attribuée au Salvador voisin qui réussit le score appréciable d'un homicide pour 1 500 habitants.
La Côte d'Ivoire sauve l'honneur de l'Afrique avec une médaille de bronze obtenue avec la moyenne honorable d'un assassinat pour 1 800 têtes de pipe.
L'Afrique du Sud et les Etats-Unis, naguère en tête de la première division, sont désormais en milieu de tableau avec un homicide pour respectivement 3 000 et 20 000 personnes. Tout fout le camp !

Certaines nations sont franchement à la traîne. Monaco, malgré son nouveau prince, n'a même pas été capable de marquer un seul point et a donc été exclu du classement.
Les romans policiers d'Arnaldur Indridason laissent supposer que l'Islande est une terre de mort violente. Il n'en est rien ! Cette île nordique atteint tout juste un homicide pour 350 000 habitants, la performance du terne Japon.
La France et la Tunisie sont presque aussi décevantes. De deux côtés de la Méditerranée, on ne fait passer de force l'arme à gauche qu'à une personne sur 80 000 chaque année. Montebourg et Marzouki seraient bien inspirés de redresser la barre fissa.

En France, la politique d'aménagement du territoire est un fiasco qui débouche sur une disparité régionale très forte.
La palme revient à la Guyane avec le beau chiffre d'un homicide pour 7 000 habitants, autant qu'en Sierra Leone ou au Zimbabwe.
La Corse, malgré de très net efforts, est quand même loin derrière avec seulement un meurtre pour 12 000 insulaires, ce qui la place au niveau de la Bolivie ou du Mali.
Si l'Isère se situe dans une honnête moyenne, trois départements sont marqués du sceau de l'infamie. Les Alpes de Haute Provence (malgré le précédent Dominici), le Cantal et l'Aveyron n'ont pas été capable d'une seule réalisation sur leur sol en 2010. S'ils ne se reprennent pas très rapidement, l'annexion par la principauté monégasque les guette !

Criminologiquement votre.

Références et compléments
- Toutes les valeurs, parfois arrondies pour faciliter la compréhension, citées dans cette chronique sont extraites des rapports statistiques officiels :
. Global study on homicide 2011 de l'UNODC (Office des Nations Unies contre la drogue et le crime)
. Crimes et délits constatés par départements en France en 2011 de l'ONDRP (Observatoire National de la Délinquance et des Réponses Pénales)