lundi 1 avril 2013

Partis politiques de masse ou clubs d'élus ?

En France, les partis politiques, les plus récents comme les plus anciens, sont massivement désertés. Les adhérents, tous mouvements regroupés, de l'extrême-droite à l'extrême-gauche, ne sont qu'environ 800 000.
En comparaison, le syndicalisme, pourtant souvent considéré comme non représentatif, fait figure de géant. 7% des salariés appartiennent à une confédération alors que seuls 2% du corps électoral font activement de la politique, trois fois et demi moins.

Les deux partis du centre mou de gouvernement, le PS et l'UMP, encartent à peine 500 000 personnes.
Avec 170 000 membres, les partisans de la rose et de ses épines sont deux fois moins nombreux que les ex-pseudo-néo-gaullistes.

Sur le bord gauche de l'échiquier, le parti communiste affiche un effectif enviable de 140 000 personnes.
Première force politique de France au sortir de la seconde guerre mondiale, l'ancien mouvement stalinien est devenu le parti avec le plus petit nombre d'électeurs par militant, 13 voix par adhérent aux élections législatives de 2012. Grosso modo, chaque communiste actif réussit à faire voter sa famille et c'est tout !

A l'inverse, les écologistes sont particulièrement persuasifs. Chacun des 9 000 verts officiels a convaincu 157 électeurs lors du dernier scrutin. L'écolo est viral !

Les mélenchoniens et les deux variantes trotskystes sont très visibles mais recrutent peu. Avec, respectivement, 12 000 et 10 000 militants, ils pourraient faire un congrès commun dans le stade des Alpes de Grenoble.

A l'extrême-centre, au milieu de nulle part, le modem de Bayrou et son débit rachitique de 35 kilo-adhérents possèdent le même rendement électoral poussif que les communistes. Hors de sa province, le béarnais peine à persuader.
A ce propos, on notera d'ailleurs que l'UMP ne fait pas radicalement mieux. Avec 21 voix par militant, le libéralo-gaulliste ne parvient à ratisser que quelques voisins en plus de ses proches.

Enfin, au bout du bout de la droite, le parti xénophobe des L. P. père, fille et petite-fille (désolé mais je n'arrive toujours pas à écrire ce nom de famille, j'ai comme une crampe dans les doigts) rassemble tout de même 62 000 surexcités, un militant français sur douze, sept fois plus que les écologistes ...
Est-ce un signe de temps ? Avec respectivement 57 et 44 électeurs par adhérent, les fascistes et les socialistes convainquent de manière similaire leurs compatriotes.

Le plus étonnant dans ce décompte est que le nombre total d'élus - 620 000 toutes fonctions confondues - n'est guère différent de celui des militants politiques. En amalgament tous les partis, on ne trouve que 1.3 adhérents par poste électif à pourvoir.
Fort heureusement, cumul des mandats et conseillers municipaux sans étiquette atténuent quelque peu cette affligeante statistique.
Il n'empêche, en forçant légèrement le trait, les partis politiques sont statistiquement composés pour moitié d'élus et pour moitié d'aspirants impatients de prendre leur place ...

Numérico-politiquement votre

Références et compléments
- Tous les chiffres sont issus ou déduits de Wikipedia, principalement des pages présentant les partis politiques et les résultats électoraux français.
- Nombre d'adhérents des principaux partis politiques français (valeurs arrondies) :
. Union pour un Mouvement Populaire (UMP) [Nicolas Sarkozy, François Fillon, Jean-François Copé] : 325 000
. Parti Socialiste (PS) [François Hollande, Jean-Marc Ayrault] : 173 000
. Parti Communiste Français (PCF) [Pierre Laurent] : 138 000
. ***** ******** (**) [famille L. P.] : 62 000
. Union des Démocrates et Indépendants (UDI) [Jean-Louis Borloo] : 50 000
. Mouvement des Démocrates (Modem) [François Bayrou] : 35 000
. Parti de Gauche (PG) [Jean-Luc Mélenchon] : 12 000
. Europe Écologie Les Verts (EELV) [Cécile Duflot] : 9 000
. Lutte Ouvrière (LO) [anciennement Arlette Laguiller] : 8 000
. Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA) [Olivier Besancenot] : 2 500