mercredi 14 mai 2014

En Tunisie design et police ne font pas bon ménage

Les spécialistes de marketing ainsi que la sagesse ancestrale des nations sont formels : le design d'un produit influence fortement et directement l'appréciation portée par ses clients.
D'aucuns diront même qu'intérieur et extérieur ne font qu'un.

Ainsi les dessins et les couleurs imprimés sur les pots de yaourts changent notre perception de leur goût. Un dessert lacté emballé avec des teintes bleutées est ressenti plus acide et moins sucré que conditionné avec des dominantes roses.

Les uniformes militaires et policiers procèdent du même principe.
Par exemple, la tenue d'opérette des gardes suisses du Vatican n'évoque guère les rigueurs de la loi, fût-elle pontificale, voire divine.

La police tunisienne - 3 ans peu ou prou après la révolution - a opté pour des habits d'un noir strict et, le plus souvent, moulants.
Une casquette de base ball et des menottes très visibles complètent ces sinistres oripeaux.
À la cagoule près, les pandores de l'antique Carthage ressemblent désormais aux méchants dans un générique de James Bond.

Cette évolution vestimentaire n'est pas du meilleur effet.
Difficile d'imaginer, avec une telle garde-robe, que les forces de l'ordre de Tunisie soient devenues un modèle de respect des droits, de rigueur démocratique et d'anti-corruption.
À croire que le ministère de l'intérieur et son couturier souhaitent projeter une image de brutalité et d'arbitraire !
Au lieu de rassurer le commun des mortels et d'inquiéter les malfrats, la police tunisienne, avec son sombre style, donne l'impression de faire l'inverse.

Sans aller jusqu'à se transformer en joueurs de rugby du Stade Français, la maréchaussée de Tunisie pourrait arborer des tenues sobres et décontractées.
Une telle touche esthétique agirait positivement, tant sur le moral des citoyens que sur le comportement de la maison poulaga, pardon de dar djeja.

Designofliquement votre

#FreeAzyz
Cette chronique a été écrite en Tunisie, il y a une douzaine de jours et non retouchée depuis. Elle prend une résonance très particulière après l'arrestation du blogueur Azyz Amami.