lundi 6 juillet 2015

Grèce & Europe : rouvrir nos livres d'histoire ! Vite !

Les derniers rebondissements autour de la Grèce, de sa dette et de son maintien dans l'Euro, voire dans l'Union Européenne, ont une détestable odeur de dix-neuvième siècle et d'années 1930.

Tous autant que nous sommes, au sud comme au nord, politiques comme citoyens, nous aurions meilleure part à nous remémorer l'histoire afin d'éviter d'énormes bévues collectives.

Voici trois points que nous devrions tous avoir en tête.
  • La baisse massive de niveau de vie a des effets dévastateurs qui effacent rapidement tous les souvenirs de croissance.
    Presque à chaque fois qu'un pays a connu une décroissance persistante, les conséquences politiques ont été délétères.
    L'Italie de Mussolini et l'Allemagne de Hitler sont d'abord le fruit d'économies en panne.
    Souhaitons-nous un état failli voire fasciste au sud des Balkans ?
    Ne sommes-nous pas en train de rejouer, une fois de plus, une fois de trop, le funeste scénario du Congrès de Versailles de 1919 affirmant qu'un pays dit coupable doit payer, à tous les sens du terme ?
  • Un appareil étatique efficace et une saine administration ne se décrètent, ni ne se pilotent, durablement, de l'extérieur.
    Hormis de très courtes périodes de transition à l'issue d'un conflit armé, je ne connais pas de précédent historique ayant porté ses fruits.
    Les récentes, et non résolues, sottises américaines en Irak et en Afghanistan en sont les derniers exemples en date.
    La construction d'un état réellement moderne et performant ne peut être qu'une oeuvre de très longue haleine, s'étalant sur, au moins, une génération, et recueillant l'assentiment tacite, à défaut d'être explicite, d'une majorité.
    Pour preuve, la difficulté actuelle de la France à se réformer.
  • Un référendum avec une question ambiguë portant sur un texte incompréhensible et inapplicable n'est pas un exercice démocratique mais, à proprement parler, populiste.
    Cela s'appelle un plébiscite et a pour seul but de recharger les batteries anémiées du pouvoir en place.
    En France, les Napoléon premiers et troisièmes du nom - splendides démocrates devant l'Éternel - en ont beaucoup usé.
    Le goût immodéré de Charles de Gaulle pour ce mode électoral ternit le bilan de ce grand bonhomme.
La résolution des problèmes grecs et européens suppose de trouver des compromis raisonnés et raisonnables évitant ces trois écueils que pourtant toutes les parties prenantes - Grèce, France et Allemagne en tête - ont allègrement percuté au cours de leur histoire moderne.

Mnémoniquement votre

Références et compléments
- Voir aussi la chronique "Malgré l'asphyxie de la Grèce la Commission Européenne est au meilleur de sa forme"
- Mes remerciements à Maxime et Alain dont les réflexions ont partiellement inspiré cette chronique grecque et européenne.
- Chronique remaniée le dimanche 12 juillet 2015 vers 13:45.