jeudi 13 septembre 2012

Appel à François Hollande pour qu'il gracie le condamné d'Hadopi

Les censeurs stériles d'Hadopi viennent de réussir leur première sanction.
Cette machine kafkaïenne a obtenu qu'un habitant de Belfort soit condamné par le tribunal de police à 150 Euros d'amende.
Revenons sur des faits qui auraient fait les délices du père Ubu.

La personne jugée n'a rien fait de légalement interdit.
Sa future ex-femme - le couple était en instance de divorce - a récupéré gratuitement sur le web quelques chansons. Probablement peu versée en informatique, elle n'a pris aucune des précautions basiques permettant d'éviter les radars d'Hadopi.
La communication entre époux qui se séparent étant généralement un peu difficile, la téléchargeuse n'a jamais eu conscience des mails d'avertissement et le titulaire de l'abonnement internet ne s'est pas préoccupé de la navigation sur le web de son ancienne dulcinée.

La loi n° 2009-669 du 12 juin 2009 qui a créé la Hadopi est véritablement scélérate. Elle a mené sur le banc d'infamie réservé aux délinquants un citoyen ordinaire en le faisant passer pour un voleur alors qu'il n'y a pas eu de vol !
Si je rentre dans une boulangerie, que je subtilise une baguette et que je pars en courant, c'est un vol car personne d'autre ne pourra profiter du pain que je me suis approprié.
De même, si, nuitamment, je m'introduis dans votre logis et en ressort avec votre coffret de CD regroupant l'intégrale des enregistrements d'Oum Kalthoum, c'est un vol car vous n'avez plus la possibilité d'utiliser ce support physique pour entendre votre musique préférée.
A l'inverse, si, amateur de bruit anglo-saxon, en furetant sur internet, vous dégottez deux morceaux de Rihanna et que vous les déposez sur votre ordinateur, vous ne volez personne ! Les fichiers originaux restent sur leur serveur et d'autres internautes peuvent, à leur tour, récupérer les œuvres impérissables de la pseudo-cantatrice de la Barbade.

L'absurde atteint des sommets, si, lassé par les borborygmes syncopés de Rihanna, vous préférez admirer sa plastique avenante. Les sites gratuits de vidéos en ligne proposent légalement les musiques dont le téléchargement attire les foudres d'Hadopi, agrémentées d'images plaisamment animées où la native de Saint-Michael s'exhibe dans des bikinis suggestifs !

En ces temps de déficit public excessif, je rappelle que la Hadopi consomme annuellement 12 millions d'Euros de notre dette.
Avec ce budget, en 18 mois, cette commission Théodule a expédié environ un million de mails. Chez Hadopi, le message électronique revient donc à près de 15 Euros, plus cher qu'une lettre recommandée !

Pour mettre fin à cet amoncellement de stupidité, je demande solennellement à François Hollande de gracier sans délai notre ami belfortain, en vertu de l'article 17 de la Constitution de la République Française. 
J'invite aussi les députés et sénateurs de tout bord à déposer rapidement une proposition de loi abolissant la Hadopi et faisant cesser les poursuites en justice des téléchargeurs.

Comment est-il possible de tolérer certaines consommations personnelles de stupéfiants, de faire mollement la chasse aux cambrioleurs et, dans le même temps, d'occuper l'appareil policier et judiciaire à poursuivre les amateurs de mélodies caraïbes ?
Si les gens de spectacle, fussent-ils de la Barbade, veulent gagner leur vie, qu'ils montent sur scène !

Téléchargiquement votre

Références et compléments
- Dans la même veine, la chronique "Chevaux, acier, journaux, disques, livres … à qui le tour ?"
- Article du Monde du 13 septembre 2012 relatant la mésaventure judiciaire de l'internaute divorcé de Belfort.
- Loi n° 2009-669 du 12 juin 2009
- Constitution de la République Française (rechercher article 17 dans Titre II)
- Article Wikipedia sur Rihanna, la bruiteuse de la Barbade ainsi qu'une de ses vidéo bikinesque sur Youtube (je vous conseille de couper le son).