mardi 18 septembre 2012

Comme l'essence, l'immobilier baisse !

Notre quotidien souvent compliqué et notre mauvaise mémoire nous font perdre de vue les évolutions économiques de moyen et long terme.
Après avoir examiné les prix de l'essence et des voitures en forte baisse, intéressons-nous à ceux du logement.

Une fois encore, les statistiques de l'INSEE sont sans appel.
De 1988 à 2008, l'immobilier neuf, à surfaces et prestations comparables, a vu son prix augmenter moins vite que le SMIC.


Comme le montre le graphique ci-dessus, en valeur relative par rapport au salaire minimum, les maisons individuelles ont baissé de 19% et les appartements de 12%.
Malgré l'absence de statistiques officielles, il est probable que cette diminution des prix a repris ces dernières années. La crise économique a poussé le coût du foncier vers le bas alors que le SMIC a augmenté de 8% de 2008 à 2012.

Comme toutes les moyennes, ces chiffres sont à nuancer, le marché du logement étant particulièrement hétérogène.
Tout d'abord, il s'agit de valeurs nationales regroupant des zones en très forte tension immobilière comme Paris et des zones quasi-sinistrées.
Ensuite, pour effectuer un panorama complet du logement, la même comparaison au SMIC devrait être effectuée sur les loyers et sur l'immobilier ancien. Malheureusement, l'INSEE ne publie pas de série longue de données sur ces deux thèmes.
L'immense majorité d'entre nous devant s'endetter pour acheter un logement, il faudrait aussi ajouter le coût des emprunts ainsi que la disponibilité d'offre de crédit, ce qui dépasse mes compétences de statisticien de comptoir.
De surcroît, lorsque le prix d'un bien que nous désirons baisse, souvent nous en profitons pour monter en gamme. Les logements d'aujourd'hui ne sont plus ceux des années 80. Performances énergétiques et confort se sont accrus.

Ces chiffres cachent indéniablement des cas où l'immobilier a grimpé ainsi que les abus des marchands de sommeil. Mais, comme il s'agit de moyennes, il existe aussi de nombreuses circonstances où les prix ont chuté plus que ne le disent les indices.

Chiffriquement votre

Références et compléments
Cette chronique, sous une forme légèrement remaniée, fait désormais partie du recueil disponible en ligne "Humeurs Économiques".

- Voir aussi dans la même veine de comparaison de prix avec les salaires, les chroniques "le prix de l'essence et des voitures en forte baisse !" et "timbres, iPhone et salaires ouvriers".

- Je remercie d'avance les personnes en mesure de me faire parvenir des données de longue durée sur l'immobilier ancien, les loyers et le coût du crédit. Avec leur aide, je me ferai un plaisir d'écrire un complément à cette chronique.

- Chronique commanditée par mon camarade Pierre Carle.

- L'idée de comparer les prix aux salaires est inspirée du livre de Jean Fourastié & Béatrice Bazil "Pourquoi les prix baissent ?" (Editions Hachette 1984).

- Source : INSEE, principalement "évolution annuelle du prix de la construction".