jeudi 4 avril 2013

De Cahuzac, du téléphone et de la passion des archives


A la demande générale d'un fidèle lecteur, je me vois contraint de vous fournir quelques réflexions inspirées par les aveux de blanchiment du récent ministre français en charge de la lutte contre la fraude fiscale.
Afin que cette chronique ne rivalise pas avec un roman de Tolstoï, je me suis néanmoins limité à mettre en évidence quelques aspects peu évoqués dans les gazettes.

Le point de départ de cette édifiante affaire remonte à l'année 2000.
Jérôme Cahuzac réussit alors, à l'insu de son plein gré, à faire enregistrer par le répondeur téléphonique de son principal adversaire politique, une conversation où il indique être embarrassé par un compte bancaire illicite en Suisse dont il ne sait comment se dépêtrer.
François Hollande et Jean-Marc Ayrault ont donc confié un budget d'environ 800 milliards d'Euros à un type qui, non seulement, était un fraudeur patenté - cela devient une tradition à Bercy - mais, de surcroît, était incapable d'effectuer l'opération élémentaire de raccrocher son téléphone en fin d'appel.
Quel discernement dans le recrutement !

La bourde téléphonique a atterri dans les mains d'une personne à la vocation contrariée.
Michel Gonelle, avocat, ancien député et maire de Villeneuve sur Lot, aurait aimé, étudiant, faire l'École Nationale des Chartes. Malheureusement, pression familiale et réalisme économique ont conduit ce futur notable de province vers la faculté de droit.
Au fil du temps, malgré un vie professionnelle et politique bien remplie, Michel Gonelle a conservé un goût prononcé pour les archives et en a même fait un hobby.
Aussi, quand il découvre les confidences de Jérôme Cahuzac sur son répondeur, il ne peut s'empêcher de conserver la bande son.
Soucieux de se faire épauler dans l'analyse de ce document incomparable, il disséminera plusieurs copies autour de lui, à des amis politiques, aux services fiscaux, à un ancien juge ...
Ce petit monde, mu par la même passion archivistique, a été totalement assourdi par la qualité du témoignage et, durant une dizaine d'années, n'a jamais songé à prévenir les autorités judiciaires.
Malheureusement pour le chirurgien blanchisseur et l'actuel locataire de l'Élysée, fin 2012, un journaliste cupide à qui l'on demandait une expertise complémentaire, faisant fi de la confiance qui lui était témoignée, a publié la fatale conversation sur Mediapart, media électronique dirigé par un journaliste autrefois victime d'écoutes téléphoniques illégales.

Scandaleusement votre