lundi 21 décembre 2015

Les conseils régionaux à la pointe de l'innovation politique

La récente poussée électorale du Front National a éclipsé le vent de rénovation que font souffler, en France, les élus régionaux sur un système politique anémié.
Je vous propose de juger sur pièces en prenant l'exemple de Rhône Alpes où je vis et qui va bientôt fusionner avec l'Auvergne.

Homéopathie budgétaire

Quotidiennement, chaque français, quel que soit son âge et sa condition, verse aux différentes collectivités publiques, en moyenne, un peu plus de 35 €.

Si une très grosse moitié est réservée à la sécurité sociale, la région ne récupère qu'un seul petit euro.
Les communes et départements, à titre de comparaison, dépensent au delà de 10 fois plus.

Privilégiant la qualité plutôt que la quantité, nos conseillers régionaux, à en croire leurs dernières professions de foi, réussissent l'exploit, avec des sommes aussi modestes, de simultanément relancer l'économie, doper la cohésion sociale, améliorer notre sécurité, porter le savoir au pinacle et développer les transports publics ainsi que promouvoir sports, tourisme et culture.

Une telle efficacité budgétaire devrait inspirer nos autres représentants autrement plus dispendieux.

Des élus au plus près des réalités

La micro-politique régionale, à l'instar de la médecine de précision dont elles s'inspire, suppose une parfaite connaissance des populations et de leurs attentes.
Exactement l'inverse des pratiques des entreprises ou des associations institutionnelles qui font trop souvent fi de la réalité et de l'humain.

C'est pourquoi, jusqu'alors, Rhône Alpes ne comptait pas moins de 156 élus.
La fusion à partir de janvier 2016 des Allobroges avec les Arvernes ne changera rien sur ce point. La nouvelle région AURA sera dirigée par autant de conseillers que ses deux parents réunis.

Ainsi chaque édile territorial peut suivre au plus près le travail de 43 employés de la région ainsi qu'un peu moins de 16 millions d'euros de dépenses.

Bien évidemment, pour permettre aux élus de conserver leur regard de géologue braqué sur le terrain, de nombreux agents régionaux sont des cadres chargés de manager leurs collègues et les budgets.

Un quasi-bénévolat

L'attention de tous les instants au développement de la région et le souci constant du détail dont font preuve nos élus régionaux de tous bords sont fort mal indemnisés.

Ces héros méconnus qui démontrent, par leurs actes quotidiens, qu'une autre politique est possible, ne reçoivent, financés par nos impôts, qu'environ 2 700 € bruts mensuels, à peine agrémentés de menus défraiements.

Laurent Wauquiez, probable futur réformateur inspiré et méconnu de la politique française, à l'instar de ses prédécesseurs à la tête de la région Rhône Alpes Auvergne

Un pari en guise de conclusion

Ayant le goût du risque, je parie ici publiquement une bière et un couscous que Laurent Wauquiez, le sémillant quadragénaire tout juste placé à la tête de Rhône Alpes Auvergne par le suffrage universel, malgré son beau sourire et ses promesses tout aussi séduisantes, ne changera rien d'essentiel au torrent impétueux de réformes instauré par ses prédécesseurs.

Les colonnes de ce blog lui sont ouvertes s'il souhaite un droit de réponse et je me ferai un plaisir de lui offrir ces diététiques céréales solides et liquides si, par extraordinaire, les faits venaient à me démentir.

Énerviquement votre

Références et compléments
- Pour plus de détails sur les chiffres, voir les deux chroniques :
. Que coûte vraiment la politique locale en France ?
. Tout savoir (ou presque) sur les impôts et taxes en France

- Le site du conseil régional Rhône Alpes fournit, sans trop de donner de détails, quelques éléments sur son budget et son nombre d'employés.
J'ignore le devenir de ce beau site creux payé par nos impôts après le 4 janvier 2016 date officielle de mise en service de la nouvelle grande région AURA (AUvergne Rhône Alpes).

- Crédit photo : « Wauquiez lepuy10 » par Alesclar, travail personnel sous licence CC BY-SA 3.0 via Wikimedia Commons.