dimanche 3 juillet 2016

À Berlin entre anciens et nouveaux démons

Berlin est une de ces villes qui portent en elles un trop-plein d'histoire.
Impressions fugaces captées lors d'une brève escapade dans la capitale allemande.

Avions



En 1948, les USA, aidés par la Grande Bretagne et la France, organisaient un pont aérien pour ravitailler Berlin-Ouest que le blocus mis en place par l'URSS avait mis en grande difficulté.
Des photos mythiques montrent des civils saluant des avions à hélices rasant les immeubles avant de se poser sur une piste aménagée à la hâte par les militaires occidentaux.

Désormais, les habitations berlinoises sont toujours survolées...
L'aéroport de Tegel déborde de passagers venus du monde entier.

Checkpoints



Quelques checkpoints, dont le célèbre Charlie, assuraient les trop rares passages entre les deux parties de Berlin.

Désormais, il y a toujours autant d’obstacles et de chicanes dans les environs de l’avenue « Unter den Linden »...
Une nouvelle ligne de métro y est en construction.

Mur



La porte de Brandebourg, construite au 18ème siècle, fut le symbole de la division de Berlin.
Le « mur de la honte » bloquait son accès ouest et barrait la perspective.

Désormais, la porte de Brandebourg est toujours bouchée...
Un écran géant et une « fan zone » y ont été implantés pour l'euro de football.

Départs



En 1963, le président américain John Fitzgerald Kennedy, dans son célèbre discours « Ich bin ein Berliner », s'exclamait :
« La liberté connaît beaucoup de difficultés et la démocratie n'est pas parfaite.
Mais nous n'avons jamais eu besoin d'ériger un mur pour conserver nos citoyens, pour les empêcher de s'enfuir. »

Désormais, il y a toujours de longues files d'attente à l'aéroport de Berlin...
Des touristes court vêtus - après avoir acheté un fragment réputé authentique du « mur de la honte » à la boutique de souvenirs - s'apprêtent à se rendre à Moscou, à bord d'un Airbus plaisamment baptisé Youri Gagarine.

Pressentiments

Je suis né, en Europe de l'ouest, l'année de la construction du mur de Berlin.
Marcher, tranquillement et librement, au petit matin, à l'est de la porte de Brandebourg est une joie symbolique.

Comment, durant cette promenade, ne pas remercier Vaclav Havel, Adam Michnik, Jean-Paul II, Lech Walesa, Mikhaïl Gorbatchev et, surtout, les anonymes qui ont expédié aux oubliettes la division européenne ?
Comment ne pas réécouter Kennedy ?
Comment ne pas se remémorer les images inouïes du 9 novembre 1989 ?

Comment, dans le même temps, ne pas avoir un pincement au cœur ?

Face aux menaces, ma génération - qui devrait se réjouir d'avoir été comblée par l'histoire - préfère se replier sur elle-même plutôt que d’affirmer et défendre des valeurs positives.

Des nuages grisâtres s'accumulent.
De nouveaux murs s'élèvent dans nos têtes et, désormais, dans nos urnes.
Nous sommes passés du mauvais coté des barbelés qui resurgissent à nos frontières...

Let's remember Berlin!
Souvenons-nous de Berlin !

Librement votre

Références et compléments
Voir aussi les chroniques :
- Mes valeurs
- Ich bin ein Tunesier

La vidéo de ce chef d'oeuvre d'éloquence et de réthorique qu'est le discours "Ich bin ein Berliner" de John Fitzgerald Kennedy à Berlin le 26 juin 1963 (avec sous-titres en français) :
- Texte original en anglais
- Traduction en français par Wikisource
- Article Wikipedia

Article Wikipedia sur le mur de Berlin

Les photos ont été prises par mes soins à Berlin les 22 et 23 juin 2016.
J'avoue avoir succombé à la tentation en achetant mon petit morceau de mur.