mercredi 3 octobre 2012

Nos impôts ne doivent pas servir à financer la chasse aux handballeurs

J'habite l'agglomération de Grenoble qui s'est illustrée ces dernières semaines par des faits divers violents et, désormais, barbares.
Dans le même temps, votre serviteur et plusieurs de ses connaissances dauphinoises ont été victimes d'actes plaisamment appelés de "petite délinquance" qui oscillent entre l'énervant et le franchement ennuyeux.
Pour prévenir et diminuer ces crimes et délits, des actions supplémentaires de police et justice sont indispensables. Malheureusement, à en croire les discours des politiques et des syndicalistes, ces deux institutions sont à court d'effectifs et d'argent. Aussi, aucune amélioration notable de la situation sécuritaire n'est à envisager.
Je serais prêt à croire ces belles et tristes paroles, si les unes des médias ne leur apportaient pas, depuis trois jours, un cinglant démenti.

Au bas mot, une bonne trentaine de policiers, un procureur, un juge d'instruction et quelques auxiliaires de justice sont mobilisés, toutes affaires cessantes, pour démêler une sombre histoire de paris sportifs présumés truqués.

Je n'ai toujours pas compris la raison de l'intervention de responsables de l'ordre public dans un domaine exclusivement privé.
Aucune personne ou bien n'a été menacé, l'atteinte aux droits fondamentaux n'est pas manifeste et la régularité des compétitions n'est pas une prérogative régalienne.

Les joueurs et dirigeants sont tous des professionnels produisant un divertissement d'apparence sportive. Un travailleur du handball qui estimerait que son activité pèche par manque d'éthique conserve la possibilité de changer de métier, ce que peu de smicards ont le loisir de faire.
Un spectacle sportif est financé par son public des stades et de la télévision qui, si le show ne lui convient pas, peut, à tout moment, choisir de dépenser son temps et son argent différemment.

Une escroquerie à l'encontre des parieurs n'est pas non plus envisageable. Les fans du Loto Sportif ou de Betclic, humanitaires méconnus, apportent volontairement leur contribution à un marché de dupes : plus du tiers de leurs mises sont dirigées vers l'état, les salariés et les actionnaires des bookmakers.
La véritable motivation du parieur ne réside pas dans un banal appât du gain mais dans la satisfaction intérieure de participer anonymement à la lutte contre les déficits et le chômage.

S'il est avéré que les frères Karabatic et leurs dulcinées ont tripoté le résultat d'un match sans intérêt pour beurrer leurs épinards, la très versatile morale sportive aura subi une légère éraflure mais l'appareil d'état, que nos impôts peinent à entretenir, n'est, en aucune manière, concerné.

Notre redémarrage économique suppose un assainissement profond et rapide des comptes publics. Pour ce faire, l'augmentation des prélèvements est insuffisante et probablement peu efficace.
Seul, un état moins dépensier réalisant avec diligence ses missions de base peut nous éviter la spirale dépressive infernale.
Afin de donner l'exemple, la police devrait, dare dare, se concentrer sur les meurtres, agressions et cambriolages et cesser la chasse aux téléchargeurs de musique, aux chaptaliseurs de vin, aux cyclistes dopés et aux handballeurs spéculateurs ...
Cela suppose que nos coûteux parlementaires abrogent d'urgence quelques articles de loi stupides voire scélérats.

Libertariquement votre

Références et compléments
- Voir aussi les chroniques "Combien coûte une loi ?", "Appel à François Hollande pour qu'il gracie le condamné d'Hadopi" et "Tour de France, carnaval des transgressions".
- Le chiffre du tiers de prélèvements sur les paris provient du rapport d'activité 2011 de la Française des Jeux.
- Betclic est une société enregistrée à Malte qui, bien qu'affichant une ancienne gloire du football et de la morale sportive, ne communique ni sur son actionnariat ni sur ses comptes.
Il y a fort à parier, si j'ose m'exprimer ainsi, que sa ponction sur les mises est, a minima, du même ordre de grandeur que celle de la Française des Jeux.